1 Mars 2012
Regarde, le jour se lève, dans la tendresse, sur la ville. Tu me fais vivre, comme dans un rêve, tout ce que j'aime ! Besoin de rien, envie de… vivre la suite de notre vadrouille ! Donc, on expédie rapidement le rituel matinal, pipi, douche, petit déj’, pour être à l’heure au lieu de rendez-vous fixé avec l’agence Panda Tour. Quoi ? Un rencart avec une agence ? Alors que je leur ai craché dessus hier ? Ben oui… Mais rassure-toi, je ne retourne pas mon slip aussi vite ! Là, j’ai de nombreuses paires d’oreilles pendues à mes lèvres pour écouter les arguments de ma défense… d’éléphant. Car oui, c’est pour approcher ces petites bestioles que j’ai vendu mon âme aux agences. Mais hors de question de faire comme le touriste lambda, c’est-à-dire regarder un éléphant peindre, jouer au foot ou faire la vaisselle, ou alors faire la queue pour lui donner une cacahuète et grimper dans une nacelle pour faire une ballade de vingt minutes sur son dos, si tu vois l’genre ! Non, moi, je veux faire dans l’affectif, dans le relationnel !… Je veux établir une vraie complicité avec ma grosse peluche… Donc je veux passer toute une journée avec mon éléphant à le nourrir… Je veux le laver, je veux le monter à crue, je veux le câliner,… et pourquoi pas se pacser si le courant passe bien entre nous… Bref, tout ça faisant beaucoup de « je veux », tu te doutes bien que l’organisation d’une telle journée n’est pas sortie du chapeau de Garcimore ! Pour réaliser mon rêve et du même coup celui de mes filles, je me suis donc mis à cheval sur mon clavier et ai comparé, recherché, scruté, hésité, interviewé, essoré internet… avant de trouver la perle rare qui correspondait à tous mes critères, à part… le prix ! Deux mille baths par personne après négociation !!! Aïe, ça pique un peu, mais un éléphant, ça vit longtemps et j'imagine qu'à nourrir ça coûte légèrement plus cher qu’un chien ou un poisson rouge, non ? Loin des autoroutes à touristes, l’agence Panda Tour propose donc de consacrer une journée complète à nos amies les grosses bébêtes dans un camp d’entraînement pour cornac ! Il semblerait, à les entendre, que ce soit le terrain de jeu idéal pour les enfants, donc idéal pour moi ! Mais ne vendons pas la charrue avant d'avoir tué les bœufs ! Moi, je suis comme saint Franck, je ne crois que ce que je vois… Donc, envoyé très spécial, je vais pour toi, tenter cette nouvelle expérience en caméra caché… Euh, pardon, je regarde trop la télé, moi…
Allez, c’est parti pour une heure de route, entassés à l’arrière d’un pick-up avec une famille de cinq amerlocks. Plus on est de fous, et moins y'a d’place ! Pour passer le temps, révisons un peu ta culture éléphantesque ! Que sais-tu réellement de ces animaux ? Ok, on en trouve en Afrique et en Asie… L’africain est plus gros que l’asiatique… Oui, effectivement, il peut manger jusqu’à deux cents kilos de végétaux et boire jusqu’à deux cents litres d’eau par jour… Bon, je vois que tu as bien révisé… Mais tu oublies quand même qu’un éléphant, ça a une mémoire incroyable, qu’un éléphant, ça trompe énormément, qu’un éléphant, faut pas l’emmener dans un magasin de porcelaine, qu’un éléphant rose, si t’en vois un, c’est que t’as consommé des substances illicites, qu’un éléphant, ça peut accoucher d’une souris,… Bref, qu’un éléphant qui se balançait sur une toile, toile, toile,… toile d'araignée…, c’était un jeu tellement,… Bon, ça, c’était la séance blagues pourries... Voilà, c’est fini… Allez, reviens ami lecteur, je continue mon histoire !
Juste avant d’arriver, nous faisons une halte d’un quart d’heure sur un petit marché du bout du monde pour y acheter quelques régimes de bananes pour nos éléphants. C’est aussi et surtout l’occasion pour mon père et moi d’enfiler nos costumes de supers aventuriers, selon les organisateurs ; et de supers kakous, selon la police... Dans la famille « je mange de tout et j’ai un estomac en béton », je demande le grand-père… Allez, on ouvre la bouche bien grand et on croque la tête bien juteuse de la grosse blatte … Mmmmm… Maintenant, je demande le père ! Ah, mince, j’crois qu’c’est mon tour !... Bon, allons-y pour un gros vers blanc… Miam miam… Comme un M&M’s, ça fond dans la bouche, pas dans la main ! Bon, pas de publicité mensongère aux éditions « on part en vadrouille », je ne dirai que la vérité, rien qu’la vérité, dites je l’jure ! Franchement, faut vraiment être maso pour ingurgiter ces choses-là… Ou alors, peut-être participer à un jeu de téléréalité ! La prochaine fois, c’est décidé, je ne le referai que s’il y a une amulette ou une immunité à gagner !…
« Bon, ça fait un bout d’temps que tu nous bassines avec tes éléphants et on n’en voit toujours pas le bout du bout de la trompe ! » Patience, mon ami… Justement, on arrive… On débarque dans un paysage à la « Portés disparus » avec Chuck Norris mais sans porté disparu et sans Chuck Norris… Au pied de la montagne et au milieu des rizières, un petit village d’une dizaine de baraques nous attend… Des poules, des chiens, des cochons,… et des scoubidous bidous, ah !… En fait, non, il semblerait que ce soient des éléphants ! Les voilà enfin ! Après les présentations d’usage, on enfile nos tenues de cornacs et paf, retour sur les bancs d’école pour un cours en anglais sur la vie et les ordres à donner à ces gros pachydermes : Yup, pai, yaya, kaboum… Et ben voilà, tu sais parler l’éléphantais ! Bon, faut quand même que je te traduise tout ça, ça pourra te servir lorsque toi aussi, tu auras fait l’acquisition d’un éléphant de compagnie… Dans l’ordre, ça donne « je mets le doigt devant, je mets le doigt derrière, je mets le doigt devant, je fais de tous petits ronds »… Ah, excuse-moi, je change de disque… En fait, cela veut dire « Arrête-toi que je puisse descendre ! Avance tout droit, toujours tout droit, toujours tout droit ! Tu peux rabaisser ta trompe, je n’ai plus rien à te r’filer à bouffer ! Baisse la tête que je te saute dessus ! » Oui, effectivement, ça va plus vite à dire dans leur langue…
Après ce cours magistral, c’est le moment que tout le monde attend : La mise en pratique ! Et là, les filles sont aux anges ! Rien que voir le regard et la banane large d’un mètre de mes deux louloutes justifie le voyage !!! Bien évidemment, je n’suis pas le dernier d’la classe lorsqu’il s’agit de tenter de nouvelles expériences, alors roule ma poule… Je lui donne l’ordre de se baisser, il s’exécute, je grimpe su’l bestiau… Puis, brusquement, il se lève et je me retrouve alors à cinq mètres du sol, une grosse trompe entre les jambes... Je ne me suis jamais senti aussi viril de toute ma vie, c’est moi qui te l’dis ! Pour m'agripper, il y a bien deux ou trois poils au dessus de la tête… Pour rester stable, je cale mes gambettes derrière ses oreilles… Et surtout, ne pas oublier les ordres appris il y a cinq minutes ! C’est bon, tu te rappelles de tout ? « Allez, maman, c’est à toi !!! Mais non, tu n’vas pas lui faire mal ! Et puis tu sais, rien qu’avec sa trompe, il est capable de soulever six personnes ! » Une fois grimpés sur notre jouet, il ne pense d’ailleurs plus guère à nous, un peu comme nous lorsqu’on trimballe un sac à dos… Pour t’en convaincre, savais-tu que rien que la trompe comporte entre cent et cent cinquante mille muscles ? Et pendant qu’on est dans le culturel, savais-tu qu'en multipliant par deux la circonférence du pied d'un éléphant, on obtient la hauteur de l’animal ? Je sais, ce n'est pas forcément chose aisée de replacer ça dans une discussion mondaine, mais sait-on jamais ! Et puis, si t’y parviens, tu passeras pour l’intello de la soirée, ça t’changera !
Allez, un p’tit tour à droite, un p’tit tour à gauche, lève ta trompe, baisse-là, mange tes cinq kilos de bananes, regarde le photographe, mange tes cinq kilos de cannes à sucre, j’ai dit regarde le photographe,… Mon éléphant répond au doigt et à l’œil à chacun de mes ordres, un peu comme ma femme, quoi ! On est donc fait pour s’entendre ! Hahaha… Allez, avant de m’attirer les foudres de Sandrine, de la ligue de protection de la femme, de mes beaux-parents, de la confrérie des mangeurs de pancakes,… je précise bien évidemment que c’était une blague ! « C’est bon, Sandrine, arrête de crier !... » Voilà qui est mieux… Ben tu vois, ça marche !... Aïe…
Bon, allez, reprenons le fil de notre journal de bord… J’en étais donc au moment où nous partons promener nos animaux de compagnie dans la jungle. Voilà quelques impressions compilées, entendues au hasard de la balade : « Heuuuuuu, monsieur, monsieur, y va où, là, mon éléphant ? Parce que là, y'a des bambous, quand même... Ah, ben il a tout défoncé ! » « J’crois qu’j’vais vomir… S’il vous plait, je peux descendre ??? S’il vous plait !!! Je veux descendre !!! » « Tiens, celui de devant s'arrête pour manger. Ah bon, on le double ? Hé, mais c'est trop étroit et en plus c'est en pente jusqu'à la rivière... Oh le biiiiip, il glisse !!! Oh biiiiiip ça secoue, ouh là, et ça penche, en plus ! Mais on va tomber, il va nous écraser, on va tous mourir !!!! Ah non, ça va en fait... » « J’ai mal au cul… Et pis la neige elle est trop moooolle ! » « Et toi, Sasha, tu veux descendre ?... Non, moi pas descendre, papa ! » Bon, au final, l'éléphant, ça tangue énormément, ça passe partout et c'est assez stable comme moyen de transport ! Par contre, ce n'est pas simple à garer...
« Bon, Babar, c’est bien beau d’aller faire le mariolle dans la forêt, mais maintenant, t’es tout sale. Viens prendre ta douche ! » Pas besoin de le répéter dix fois à nos quatre élephants qui se jettent direct à la baille, sans maillot ni bonnet de bain ! Et pour leur savonner le dos, toute ma tribu s’y met, sauf ma mère qui a abandonné son navire sur pattes depuis ses envies de vomir… On les gratouille, on les arrose à coup de seaux d’eau, on les frotte avec de l’écorce, ils nous arrosent avec leurs trompes, on les dorlote,… En d’autres termes, on passe un super moment avec nos nouveaux copains ! Faut dire que ça crée des liens lorsqu’on se lave tous ensemble !!! C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai vu dans les yeux de mon éléphant qu’entre lui et moi, c’était pour la vie… « Mon éléphant, j’ai un problème, je crois bien que je t’aime… » « Ouuuuh, j’ai un problème, je crois bien que je t’aime aussi ! » que j’aurais aimé qu’il me réponde…
Bref, à dada sur mon gros bidet, on reprend la direction du village en faisant un petit stop à une marre boueuse dans lesquelles se vautrent nos éléphants. « Ben ça a servi à quoi que Ducros il se décarcasse ??? » Pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et dans la pauvreté, dans la santé et dans la maladie, dans l’eau propre comme dans la boue, jusqu'à ce que la mort nous sépare…. que le curé nous a dit… Donc même dans la boue, je l’accompagne…, suivi rapidement par notre cornac, mon père et Anna… Bon, n’imagine pas un bain de boue dans un centre de soin… Une simple giclée de boue lancée au cornac qui nous accompagne et ça se termine en bagarre générale ! Même Anna s’y met… même si elle l’a rapidement regretté ! Ben oui Anna, qui pisse face au vent se rince les dents (voir la photo) ! Bilan des courses, on va certainement tous se faire enguirlander par la mère Denis !
La fin d’après-midi rime avec douche, lavage des vêtements dans la rivière, sieste dans les bras d’une jolie thaïlandaise, partie de foot avec les cornacs, petite prière pour les éléphants, et petit moment improvisé de dégustation de produits du coin. Euuuh, ça n’aura échappé à personne, mais la sieste dans les bras de la jolie thaïe, ce n’est malheureusement pas moi qui suis concerné, mais Sasha… Je préfère quand même préciser… Revenons-en à la dégustation… En fait, notre cornac souhaite nous faire goûter à son tort boyau local fait à base de plantes ramassées dans la jungle. « Fol boile cu’sec, sinon ça vous brûle la gorge ! » « Et le truc à manger, là, c’est roulé sous les aisselles ? » Entre le verre d’alcool et ce qui baigne dans l’assiette, je n’sais pas vraiment lequel m’arrache le plus le gosier… Mais bon, encore un moment sympa passé ici avec des gens sympas et avec des éléphants sympas ! Mais c’est le dernier, je crois que les capotes sont cuites, il est temps de rentrer au bercail ! Hasta la vista, baby… et merci pour tout ! Bon, tu l’as maintenant compris, nous signons bien évidemment tous les six de nos douze mains et te conseillons de venir passer une journée ici, à Eléphanland ! Euh, par contre, ne tape pas Eléphanland sur internet pour avoir plus d’info, ce n’est qu’une expression que je viens d’inventer…
De retour à l’hôtel, j’enchaîne direct avec la suite du programme : Musique de Pretty Woman, séance d’essayage ! « Ben oui Sandrine, ce soir, je t’emmène dans le plus beau resto de Chiang Mai et de ses environs ! » Pour s’y rendre, je négocie un songthaew :
« Sukitaki !
- Kowanini !!!
- Baka nana resto baranin manger kalorista tous les six ?
- ??? Ah… Toka anji rodi roumi yakoo !!!
- Mimi nakoundinda tinkouji !!!
- Ok, na miaou kina tim kouji !!!
Et toi comme un idiot, tu lis ça comme si tu comprenais le thaï... Ben ouais, pour moi, voyage à l’autre bout du monde oblige, je m’la joue bilingue… D’ailleurs, dans quelques semaines, une version thaïe de tous mes textes paraîtra... Bref, on se met d’accord pour la course aller-retour pour trois cents baths, sachant que le resto est à environ dix kilomètres… Pour info, cela nous revient donc à peu près à cinquante francs. Et si tu ne sais pas combien valent cinquante francs en euros, ben demande à tes parents !!!
Alors, plus beau resto de Chiang Mai ? Une fois sur place, je crois même que c’est le resto le plus beau de Thaïlande, voir d’Asie, voir du monde, voir plus… Le cadre est franchement idyllique : Chutes d’eau, lac artificiel, végétation,… et selon Anna, des toilettes tip top ! C’est même plus beau qu’au Flunch, les jours de couscous à volonté, c’est dire ! Donc encore un moment bien agréable en compagnie de gens bien agréables à manger des choses bien agréables. Car soit je me suis habitué aux piments, soit ils ont la main moins lourde que les premiers jours en repérant à mon teint blafard que je n'étais pas un des leurs. Là, aucune chance pour les hémorroïdes de poser leur candidature pour demain ! Par contre, excuse-moi, mais là, c’est un trop bon tuyau pour que je te donne gratuitement le nom et les coordonnées de ce resto ! Dans les commentaires, si ça t’intéresse, envoie-moi tes coordonnées bancaires et je te ferai parvenir les infos par message privé. Désolé…
Bon, cette journée, je l’ai aimée un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ! J’espère que toi aussi, tu as kiffé en suivant notre vadrouille du jour et que ça t’a donné envie de lire celle de demain. De toute façon, demain est une autre aventure…
P.S. : Allez, comme je suis vraiment ton fournisseur officiel de bons plans de derrière les fagots, voici le petit nom de notre super cantine de ce soir : Khaomao Khaofang
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Et puis si ça te dit... un petit commentaire me ferait bien plaisir...