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On part en vadrouille !

Lorsque je ne suis pas en voyage, soit je prépare le suivant, soit je raconte le précédent...

Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !

« Dernier appel pour les passagers Franck, Sandrine, Anna et Sasha du vol de retour Air France à destination de Paris avant suppression de leur dossier » Ouh là là, freine Mimosa, freine ! Je sais que tu es pressé de t’empiffrer de nouveau de fromage et de charcuterie mais là, tu mets la charrue avant d’avoir vendu la peau de l’ours ! A moins d’un remake de « Maman j’ai raté l’avion », notre grand oiseau blanc ne nous emmènera loin d’ici que ce soir, non ? Ce qui signifie qu’on a encore une journée entière à profiter de notre ouest américain chéri ! Ce qui signifie que j’ai encore le temps de caser un dernier mastodonte touristique dans cette dernière ligne droite !... Des petits ponts, des grands ponts, j’en ai faits au foot, j’en ai vus, j’en ai photographiés, j’en ai traversés,… Bref, je maîtrise : Le pont d’Avignon, celui de Millau, le pont de l’Ascension, le pont de Normandie, de l’île de Ré, de Mostar en Bosnie, des Keys en Floride, le pont de Brooklyn, l’immense pont de Lisbonne, sans oublier celui de Neuflize qui permet de traverser la Retourne… Mais alors celui-là, il est le José Mourinho des ponts : Le special one ! Je caresse en effet l’espoir de traverser aujourd’hui le Golden Gate Bridge à vélo sous le soleil exactement ! Yeaaaah ! Sauf que pour traverser le Golden Gate à vélo sous le soleil exactement, il va nous falloir au minimum… des vélos, et du soleil !

 

Un, deux, trois, soleil ! Affaire rapidement classée vu qu’à l’ouverture des rideaux comme je le fais maintenant machinalement depuis trois semaines, il est bien ancré là où il faut, fidèle au poste comme je le lui ai gentiment demandé hier ! Merci à lui ! Pour les vélos, c’est une autre paire de manches… Non pas qu’on soit encore en période de prohibition des vélos mais tous les magasins qui en louent arborent fièrement le même nom : Arnaque et Compagnie, pour vous servir et surtout vous faire les poches ! Quel serait selon toi le juste prix présenté par Vincent Lagaf pour une journée pour deux vélos avec support arrière pour enfant ? Quarante, cinquante ?… Allez, grand max, soixante dollars si on ajoute les taxes, les assurances, les coûts directs, les coûts indirects, les pourboires, les intérêts, les rustines,… ? Quel dommage mon coco, la vitrine du juste prix n’est pas pour toi pour ce coup-là… Cent cinq dollars !!! Tu la sens la carotte bien grosse du monsieur ?... Plus du double de la location par jour de notre défunte Jeepy !... J’ai pesé le pire et le contre, et je dois malheureusement me résoudre à vendre un de mes organes à la science pour traverser le Golden Gate aujourd’hui… Banco Jeannie Longo, c’est parti !

 

Une fois nos bêtes féroces enfourchées et apprivoisées, on pédale jusqu’à notre premier arrêt, le Palace of Fine Arts. On met pied à terre pour quelques minutes, le temps de faire le tour du très beau parc qui entoure ce palais des beaux-arts… Mais nous, c’est la suite qu’on attend comme un nouvel épisode d’une série Netflix : Le Golden Gate qu’on commence à avoir en ligne de mire ! Le Golden Gate qui enjambe comme un géant ce bras de mer… Allez, pêle-mêle, voici livrées en l’état quelques infos chiffrées pour t’impressionner un peu : Inauguré en 1937, le pont pèse environ huit-cent mille tonnes, a nécessité plus de cinq-cents mille mètres-cube de béton et six-cent mille rivets. Chaque année, sa petite cure de jouvence nécessite quelques vingt-mille litres de peinture. Il mesure mille neuf-cent soixante-dix mètres et était le plus long pont auto-porté au monde au moment de sa construction. Cent vingt-huit mille kilomètres de câbles permettent son soutien, qui, mis bout à bout, feraient environ trois fois le tour de la terre. Plus de deux milliards de voitures l’ont emprunté depuis son ouverture… Et puis allez, une petite dernière qui ne sert à rien mais qui fait son effet quand même : Trente privilégiés se suicident ici, sur cet écrin de beauté, chaque année. « Désolé mon petit monsieur dépressif, le trentième s’est suicidé la semaine dernière ! Revenez l’an prochain !... » Alors, impressionné ?

Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !

Pour ceux qui traîneraient encore un peu des pieds, je propose de venir sur place. Car nous, impressionnés, nous le sommes dès notre arrivée au premier point de vue officiel : Fort Point. Ce gardien de fer, de couleur « orange international », se dresse fièrement à l’entrée de la baie comme une porte permettant l’accès au nouveau monde, un peu comme peut l’être la Statue de la Liberté à New York. A ce propos, sais-tu pourquoi il est de cette couleur ?... C’est la couleur de l’antirouille, vas-tu me dire ! C’est pas faux… mais c’est aussi qu’il arrive souvent qu’il soit enveloppé d’une épaisse brume venant du Pacifique et il faut pouvoir continuer à le regarder dans les yeux dans ces conditions. « Ouh pinaise », en parlant de brouillard, on le voit au large en train de se pointer donc c’est partie pour la traversée. Beaucoup de vélos, beaucoup de piétons, et surtout beaucoup de bonheur d’être là où je me trouve ! Non mais tu t’rends compte ? Le Golden Gate ! Ce pont légendaire, cette vue sur San Francisco,… la balade en est presque poétique malgré l’effort produit pour tirer Sasha dans mon dos qui clairement, compte plus sur moi que moi sur elle pour avancer. En tout cas, je prends tellement de photos qu’il sera bien dur d’en faire une sélection ! Allez, en voici quelques-unes…

Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !

Une fois parvenus de l’autre côté, nouvel arrêt, nouveau point de vue au Vista Point. Et puis maintenant qu’on est là, ce serait dommage de ne pas demander une petite rallonge exceptionnelle à nos mollets pour pousser jusqu’à la petite ville de Sausalito. Merci à eux car cette petite ville est toute croquignolette, lovée dans les collines se jetant joyeusement dans l’océan Pacifique. Oui, parfaitement, ces collines sont joyeuses car elles accueillent de magnifiques bâtisses, résidences secondaires pour la plupart… Ancien petit hameau de pêcheurs reconverti en village hippie devenu lui-même par la suite repère d’artistes, faut dire que désormais, Sausalito est surtout un lieu de villégiature chic qui mérite le coup d’œil. Ambiance classe, bohème et détendue, très belles maisons colorées, petits restos originaux, boutiques d’art,… voilà de quoi nous combler ! Bon, le vélo, ça n’paraît pas comme ça mais ça creuse. Et l’air de la mer, ça n’paraît pas comme ça, mais ça creuse ! Je ne te fais pas un dessin : Où qu’c’est qui s’cache notre dernier resto du voyage ? Ce sera le Taco Shop qui nous remplira les estomacs jusqu’à notre plateau-repas Air France de ce soir…

Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !

En attendant, il nous faut retrouver les anciens hippies qui peuplaient auparavant Sausalito. Mais où qu’c’est qu’ils peuvent bien être ? En fait, dans les années soixante, la communauté hippie du coin n’a eu d’autre choix que de s’installer dans des bateaux rafistolés au nord de la ville pour fuir la hausse exponentielle des impôts et du prix des locations. De nos jours, ces maisons flottantes beaucoup plus sophistiquées forment un charmant petit village d’environ cinq cents maisons arrimées à un ponton. On déambule donc ici, seuls, à découvrir ces habitations qui sont, pour certaines d’entre elles, de vraies petites œuvres d’art… Même si ici aussi, tout le monde est plus riche, tout le monde est moins « Flower power », l’esprit est toujours là, coloré, verdoyant, calme et un brin fantaisiste. On adore et c’est même décidé, on va faire une offre pour cette houseboat verte qui est à vendre !!! Je t’ai déjà dit à quel point cette journée me comblait de bonheur ?

Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !
Avec ou sans Francisco ?... San Francisco !

Bon, l'agent immobilier n’ayant pas accepté notre proposition financière, nous n’avons d’autre alternative que de nous en retourner les yeux brillants, le cœur plein et les mollets saillants vers San Francisco qui nous apparaît maintenant comme la porte de sortie de notre vadrouille. Sauf que l’autre équipage cycliste constitué d’Anna et de Sandrine ne l’entend pas de cette pédale : « Ne vous en déplaise, nous on rentre à San Francisco en bateau ! » Bon, à leur décharge, c’est vrai qu’il est possible, pour le retour, soit de pédaler comme on l’a fait à l’aller, soit de monter avec son vélo à bord d’un ferry pour retourner au port de San Francisco. « Euh… Heureusement que les américains étaient mieux organisés pour débarquer en juin 44 car là, c’est le binz total !... C’est blindé de monde et c’est une véritable foire d’empoigne pour accéder au quai. Sans moi ! Avec Sasha, on préfère s’activer de nouveau les jambes et profiter par la même occasion une dernière fois du Golden Gate ! » Une heure plus tard et arrivés à bon port à Fisherman’s Warf, mon esprit s’évade et j’en arrive à penser très fort à Sacha Guitry qui disait que certains hommes n’avaient que ce qu’ils méritaient ; les autres étant célibataires… Etant dans la première catégorie, je suis donc condamné à attendre… attendre… attendre… une heure… deux heures… trois heures au lieu de rendez-vous, jusqu’au moment où elles apparaissent enfin, telles un mirage… « Put… de bordel, mais qu’est-ce que vous foutiez ! Je ne te jette pas la pierre, Pierre, mais j’étais à deux doigts de m’agacer ! » Bref, tu l’as compris, le retour par le bateau aux heures d'affluence, mieux vaut éviter !

 

Voilà, je crois t’avoir tout dit sur cette journée, je crois ne rien t’avoir caché durant ce voyage ; la suite n’étant que logistique, attentes, transports et sourires de béatitude… Ben oui, j’ai le sentiment du devoir accompli, tellement heureux d'avoir pu réaliser quelques rêves… Un jour, je roulerai sur le dos du Golden Gate… Un jour, je poserai mes mains potelées sur les troncs de séquoias géants… Un jour, j'irai m’amuser à Universal Studios avec mes enfants… Un jour, je contemplerai l’amphithéâtre de Bryce Canyon… Un jour, je roulerai cheveux au vent sur la Route 66… Un jour, je descendrai dans la gueule béante du Grand Canyon… Un jour, j’arpenterai le strip de Las Vegas… Un jour, je tenterai cette randonnée à la réputation si dangereuse… Par contre, maintenant que j’ai pu faire tout ça, j’en ai un autre : Revenir au plus vite pour découvrir la multitude de sites qu’il nous reste à découvrir, sans oublier ceux que la météo a égoïstement gardé pour elle ! En tout cas, j’espère avoir apporté un peu d’ouest américain sur ton écran, que mes proses n’étaient pas trop pénibles à lire, que tes yeux ont pétillé un peu, aussi… Mais attention ! L’ouest américain, c’est extrêmement contagieux et il se pourrait que tu sois confronté aux premiers symptômes très prochainement, c’est-à-dire vouloir vivre au plus vite par toi-même ces quelques mêmes aventures. Quoi ? J’avais omis de t’en parler ? Oh… ben zut alors…

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