Mon seignor, il est l’or… L’or de se réveiller… L’or d’aller papillonner avec notre far west bien aimé… Bizarrement, ce matin, inutile de m’activer bien longtemps sur mon clairon pour rameuter tout mon petit monde ! Car dès le réveil, les petites sont tout aussi excitées que leur mère le jour de notre rencontre… Je me demande bien pourquoi… On va où déjà aujourd'hui ? Ah, oui, nous sommes le jour où nous allons manger la poussière de la vallée des monuments ! Ben oui, c’est the jour de la visite de Tsé Bii' Ndzisgaii ! Vu que t’es moins bête que t’en as l’air, tu as bien évidemment saisi que c’est ainsi que les navajos nomment Monument Valley ! Et oui, nous y voilà ! Mais avant ça, laissons l’entraîneur annoncer lui-même la composition de l’équipe qu’il a concoctée pour le match phare de cette journée de championnat : Après une petite hésitation, Natural Bridges National Monument sera bien présent dans les buts… En défense centrale, peut-être un inconnu pour toi, mais certainement pas pour les connaisseurs, ce sera Muley Point ! Concernant les latéraux, on pourra compter sur le prometteur Moky Dugway et la valeur montante Valley of the Gods ! Au milieu du terrain, on retrouvera deux titulaires indiscutables, le bien nommé Mexican Hat Rock et l’inamovible Goosenecks State Park ! Et enfin, à la pointe de l’attaque, nous en avons déjà parlé, nous retrouvons la star incontestable et incontestée de l’équipe, le Zlatan de l’ouest américain qui va tout zlataner… Le beau, le grand,… Monument Valley ! Une équipe de rêve !!!... Ben alors, cache ta joie !... T’es jaloux, c’est ça ? Allez, ne fais pas ta vieille tête de caboche, on t‘a gardé une petite place au chaud dans le coffre de Paty ; tu seras donc bien évidemment une nouvelle fois des nôtres !
Première étape seulement située à quelques encablures de notre campement, la randonnée qui descend jusqu’à un des ponts naturels les plus grands au monde, j’ai nommé le pont de Sipapu (à bien prononcer « Sipapou ») ! Donc si on fait les comptes, Sipapu plus nous quatre, ça donne un compte rond de dix personnes qui randonnent sur ce trail à cette heure matinale !... Et hop, rien de telle qu’une bonne vanne de Franck pour se dérouiller les jambes !... Et là, j’imagine parfaitement ma sympathique petite Sandrine en train de me rouscailler dessus après avoir lu la phrase précédente, tout simplement parce que c’est elle qui a pour une fois sorti un bon jeu de mots sur lequel elle s’est empressée d’apposer un copyright… Donc rendons à Sandrine ce qui appartient à Sandrine ! La blague sur Sipapu que tu vas ressortir à tous tes amis lors de tes soirées de l’ambassadeur qui sont toujours un succès, ben elle vient d’elle !
Bref, nous en étions donc à la descente dans le canyon de Natural Bridge en quête du pont de Sipapu. A ce propos, connais-tu la différence entre un pont naturel et une arche naturelle ?... Non ?... Ne t’inquiète pas, maître Capello est là pour ça… En fait, c’est on n’peut plus simple mon cher Jean-Pierre Descombes… On appelle « arche naturelle » une formation rocheuse creusée par l'érosion du vent, du gel ou du sable. A contrario, un « pont naturel » est quant à lui creusé par l'érosion d’un cours d'eau ou des vagues de l’océan... Si tu as tout bien compris comme il faut, peux-tu me dire ce qu’est par exemple notre Pont d’Arc national, situé en Ardèche ?... Pont ? Arche ?... Et oui, comme son nom l’indique, le Pont d’Arc a été creusé par une rivière. C’est donc un pont naturel… « Allez, Franck, sors du corps de Mac Lesguy et reprends le cours de ton histoire ! » Ok, mais de toute manière, nous marchons toujours sur le sentier menant à ce pont naturel… Et ce que je peux dire, c’est que cette rando est vraiment variée. Des échelles, des chemins, de l’escalade,… Du blanc, du vert, du bleu,… Des aigles, des chipmunks, des serpents,… Elle est surtout hyper variée pour ma Sasha : mes bras, mon dos, mes épaules !… Arrivés en bas, le pont est vraiment impressionnant… et nous ne regrettons pas une seconde d’avoir choisi de nous jeter corps et âme dans cette rando magnifique !... Senteurs de pins, température agréable, discussions avec les écureuils… C’est clair, je n’veux pas partir d’ici. Et pourtant,… Après un coup d’œil jeté à Kachina et Owachomo, les deux autres ponts naturels du parc, nous devons nous résoudre à poursuivre notre pérégrination vers le sud…
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Et là, le scénario parait cousu avec de la grosse ficelle de lieuse ! On enchaîne en effet les points de vue, les sites, les parcs qui nous enchantent tous les uns plus que les autres… On commence avec Muley Point qui n’est au final qu’un point de vue sur les méandres de la San Juan River. Mais ma zette, quel point de vue ! A aucun autre endroit, tu ne pourras avoir un aussi bel aperçu de ces méandres, à moins de casser ton cochon pour t’offrir leur survol en coucou. En ce qui nous concerne, on va se satisfaire de ce point de vue qui nous ravit les mirettes et qui plus est, demeure gratuit de chez gratuit… Pour dénicher l’endroit en venant du nord, engage-toi en toute confiance sur la piste qui part vers ta droite juste avant d’arriver en haut de la Moki Dugway. Et si tu viens du sud, il te faudra tourner à gauche en arrivant en haut de cette même Moki Dugway. Logique… Là, il ne te restera plus qu’à subir les quatre miles de piste en tôle ondulée pour toucher du doigt ce panorama hyper photogénique. Ici, impossible de rater tes photos, même en confiant l’appareil à Sasha… Tu viens, tu es là, juste envahi par la grandeur… Ça te dépasse, tu te tais, tu profites et tu dis merci ! Un peu comme cette grand-mère marginale qui a choisi précisément cet endroit pour installer sa caravane de fortune et profiter de la vue en compagnie de ses chiens, n’ayant rien d’autre à faire que de lire des bouquins en attendant patiemment qu’on vienne la déloger… Si toi tu m’envies, ben moi, je dois te confesser que je l’envie elle…
De retour en haut de la Moki Dugway, est venu le moment de dévaler cette route mythique qui est pour les Etats-Unis ce qu’est la nationale 4 pour la France, les paysages, le revêtement, la pente, les virages, les parapets, les 4x4, les photographes et la couleur de la roche en moins… Ok, maintenant que tu l’dis, elles n’ont effectivement pas grand’chose en commun… La Moki Dugway est une succession de lacets serrés qui nous permettent de redescendre sur terre, quatre cents mètres plus bas. Attention, c'est violent ! Pas que la pente qui avoisine les dix pour cent, mais aussi la vue que tu te prends en pleine poire ! A chaque virage en épingle à cheveux, un point de vue magnifique. A chaque point de vue magnifique, une photo ! C’est immensément beau, tout simplement…
Maintenant qu’on a atterri, on roule quelques centaines de mètres pour de nouveau bifurquer sur une piste ! Cette fois-ci, c’est au tour de Valley of the Gods de me satisfaire… Et cette coquine y parvient assez rapidement ! Et oui, encore un site qui a décidé de m’brosser dans l’sens du crin. Donc désolé, mais je n’ai pas d’autres choix que de te bassiner une nouvelle fois avec mes tartines dégoulinantes de superlatifs sur lesquelles je rajoute plusieurs couches de qualificatifs qui seront, quoi qu’on en dise, insuffisants pour te retranscrire la grandiloquence du scénario outrancier qui se joue devant nos pauvres yeux effarés… J’en fais peut-être un poil trop, là, non ?… Et pourtant ! Car ici, nous sommes sur une piste de dix-sept miles qui traverse ce que certains appellent Monument Valley en plus petit… et certainement en moins bondé. Les monolithes sont effectivement à s’y méprendre et ce n’est pas leur couleur rouge qui va me contredire… On se croirait en effet dans « Le rouge et le noir » de Stendhal dans lequel le noir se serait fait la malle… A moins que ce ne soit dans « En rouge et noir » de Jeanne Mas… Arghhhh… Je les confonds toujours ces deux-là…
Bref, maintenant que le décor est planté, il faut quand même que tu saches qu’en empruntant cette piste, j’ai délibérément passé le volant à ma voisine de droite. Oui, je sais, lorsque la madame de l’agence de location m’a demandé si je voulais souscrire l’assurance pour le conducteur supplémentaire, je l’ai gentiment envoyée se faire cuire un hamburger… Oui, je sais, sur le paquet de la voiture, il est inscrit noir sur blanc « Passer le volant à sa femme tue ! »… Oui, je sais tout ça, mais que veux-tu… Installer Sandrine au volant de Paty, et de une, ça lui fait ‘achement plaisir ; et de deux, ça me laisse égoïstement plus de temps pour contempler les paysages qui nous entourent ! Et puis c’est ma femme, je la connais quand même ! Elle pourrait me faire ça sans les pieds, sans les mains et presque les yeux fermés… « J’ai dit presque !!!!!!!!! » Trop tard ! Alors que Sandrine est trop occupée à se laisser pousser des ailes de pilote rallye, elle omet de regarder à plus de dix mètres devant son nez où se profile pourtant un virage accompagné d’un immense dos d’âne. « Aaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh » comme le cri d’un gars qui se surprend à voir le sol s’éloigner des roues de sa voiture… Aaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh » comme le cri d’un gars qui voit les têtes blondes de ses deux filles passer dans son rétroviseur… Aaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh » comme le cri d’un gars qui ne sait pas vraiment quand et comment sa voiture va retomber sur le plancher des bisons…
« Désolé, je crois que j’ai zigué au lieu de zaguer ! » Oui, comme tu peux le voir, Sandrine parle encore. Et les filles et moi sommes suffisamment vivants pour l’entendre se complaindre en excuses… Nous nous en sommes donc sortis indemnes… Et apparemment, Paty nous dit qu’elle aussi… Ouf… Si nous visionnons une nouvelle fois la scène au ralenti, on voit bien qu’à la sortie de la bosse, Paty ne touche plus le sol sur une dizaine de mètres, un peu à la façon Starsky et Hutch… Heureusement pour la caution et accessoirement notre santé, il n’y avait ni virage, ni autre véhicule juste derrière… Donc tu l’as compris, à toi qui veut revenir de voyage avec des anecdotes croustillantes à raconter aux copains, rien de plus simple, passe le volant cinq minutes à ta femme !!!
Notre grosse émotion suivante, nous l’avons au parc d’état de Goosenecks. En anglais, Goosenecks signifie « Coups d’oies ». Et ils ne nous ont pas menti puisqu’une fois sur place, nous embrassons sur les deux joues une succession de méandres en épingle à cheveux formés par la San Juan River qui se tortille depuis des millions et des millions d’années en contrebas. D’ailleurs, si tu as l’occasion de voir le western « Le massacre de Fort-Apache » sorti en 1948, tu remarqueras qu’à cette époque, la rivière y était déjà puisqu’une scène nous présente John Wayne contemplant le paysage du haut de son canasson, pile poil où nous nous trouvons. Le monsieur en question y boit même un verre en son honneur avant de jeter sa flasque de whisky au fond du canyon… Inadmissible..., même s’il est vrai que dans les années quarante, les considérations écologiques leur passaient largement au-dessus du stetson… « Et oui John ! En ce qui nous concerne, nous prenons bien soin de mettre l’ensemble de nos détritus dans un sac poubelle après avoir pique-niqué sur place, alors prends-en d’la graine, bonhomme ! »
Aïe, le gars monte rapidement sur ses grands chevaux et commence à me gueuler dessus en pointant Paty du doigt. Il me parle de gaz à effet de serre et de trucs dans l’genre… Bref, vu que je ne vois pas où il veut en venir et qu’il a un colt à la ceinture, je préfère me sauver à quelques miles d’ici, précisément au Mexican Hat Rock alias le rocher du chapeau mexicain où nous ne restons que le temps d’un clic clac kodak !
Désormais, nous roulons sur de looooongues lignes droites caractéristiques de l’ouest américain. Et même si nous avons déjà roulé sur ces routes rectilignes et désertiques, ici, elles prennent une toute autre dimension ! Ben oui, un paysage comme ça, ça ne te rappelle rien ? « Allez, cours Forrest ! » Et bien justement, non ! Car c’est précisément à cet endroit que Forrest Gump a décidé d’arrêter de courir… Bien évidemment, on s’y arrête pour y faire la photo d’anthologie… en pensant bien à ne pas se faire aplatir en prenant la photo ! Je n’sais pas toi, mais moi, face à de tels paysages, j'ai instinctivement des musiques d'Enio Morricone qui me trottent dans le ciboulot... C'est peut-être parce que c'est ce qui passe justement sur mon Ipad... Et oui, le p’tit gars, il a pensé à tout...
Outre ces références cinématographiques et musicales, cette vue connue dans le monde entier est aussi annonciatrice d’un mastodonte. Nous allons en effet pouvoir jouer dans cet immense bac à sable que constitue ce parc, c’est le cas de le dire, monumental ! Monument Valley ! A l’attaque, la cavalerie arrive ! En attendant d’y être, que puis-je te dire au sujet de cette visite qui n'ait déjà été dit ? Probablement pas grand-chose... Tout a été écrit et réécrit... Tout a été photographié et rephotographié... Je peux quand même te rappeler que cette vallée est située en plein cœur d’un territoire indien, en l’occurrence navajo. Tout ce secteur est jalousement resté caché, préservé et paisible durant de nombreuses décennies. Mais un tel site ne pouvait pas rester secret bien longtemps... Donc je t’annonce que moi, alias Franck le vadrouilleur, je l’ai découvert ! Et comme tu es mon ami, je te le présente en exclusivité mondiale !!! Bon, ok, à part si tu as passé ta vie cloîtré chez toi sans télé, sans internet et sans journaux, tu sais bien évidemment que d’autres l’ont parcouru bien avant moi depuis les années quarante, moment où Monument Valley est devenu l’emblème de l’ouest sauvage, grâce (ou à cause diront certains) à Hollywood et plus précisément John Ford. Sur les conseils d’un certain Harry Goulding qui vivait ici, le réalisateur John Ford débarqua en effet à Monument Valley pour le tournage de « La chevauchée fantastique ». Depuis, pour beaucoup, c’est ce parc qui caractérise le mieux l'ouest sauvage américain et l'idée que l'on s'en fait. Qui n'a pas déjà admiré dans un western ce panorama et ces célèbres buttes de grès rouge plantées au milieu du désert ? Qui n'a jamais rêvé de chevaucher un mustang au crépuscule dans ce paysage époustouflant ? Probablement pas toi et incontestablement pas moi puisque j’y suis !
Ça y est, les premières buttes et mesas apparaissent. Pour ta culture personnelle, une butte prend le petit nom de butte lorsqu’elle est plus haute que large. Et on l’appelle mesa dans le cas contraire. En tout cas, ces buttes et mesas nous semblent hyper familières ! Surtout pour moi qui, enfant, avait la permission de regarder la télévision le mardi soir, et précisément Eddy Mitchell et sa dernière séance qui proposaient souvent des productions hollywoodiennes opposant cowboys et indiens. Maintenant, trente ans plus tard, oui, j’ai la permission de mon papa et de ma maman pour regarder la télévision tous les soirs, et oui, je suis ici, au cœur de l’action. Et je suis donc en mesure de t’affirmer que ces paysages vus maintes et maintes fois au cinéma existent en chair et en os ! Faut dire qu’à la grande époque des westerns, les images de synthèse n’existaient pas !
Juste avant l’entrée officielle du parc, nous arrivons dans notre huitième état, l’Arizona. Il est quatorze heures trente, heure locale, soit une demi-heure théorique avant d’être parti de Gossenecks, et après une demi-heure réelle de route. Bon, ça, c’est juste pour t’embrouiller un peu vu qu’il y a un décalage horaire d’une heure entre l’Utah et l’Arizona. Mais pour t’embrumer encore un peu plus, nous récupérons l’heure de l’Utah dès la porte d’entrée officielle du parc franchie vu que les navajos ont décidé d’un accord unilatéral de rester à l’heure de l’Utah. Et comme nous sommes sur leur territoire… Quoi ? Tu n’as rien compris ? Pas grave, faut dire que je n’ai point le temps d’en perdre davantage vu que nous nous garons sur le parking. Encore cent mètres à pieds… suspense… les voici !!!… Triple claque ! Paf, paf, paf incarnée de gauche à droite, par West Mitten Butte, East Mitten Butte et Merrick Butte !
Comme souvent en pareille occasion, on craint d’être un poil déçu. Là, que nenni ! La vue est à en pleurer ! Je ne m’attendais pas à être autant subjugué par cette vision… Par contre, en descendant de Paty, nous avons passé notre mode touriste de base sur « On ». Là où nous étions seuls au monde sur certains sites, nous sommes maintenant au milieu des bus, des groupes qui font l’ouest américain en dix jours, des japonais avec ombrelles et masques de protection,… et surtout des français, encore plus nombreux ici qu’à la Tranche sur Mer ! Mais pourquoi n’avons-nous pas croisé toute cette faune à Muley Point, Valley of the Gods ou encore Goosenecks ? Ma théorie sur la question se résume en une simple phrase : Un aveugle qui regarde à travers une loupe, il ne voit toujours rien, mais en plus grand. Bon, si tu n’as rien pigé à cette phrase, n’insiste pas, j’ai d’autres choses tout aussi intelligentes à te raconter…
Comme par exemple le fait que nous allons maintenant nous engager sur la Valley Drive, cette piste poussiéreuse de dix-sept miles qui se faufile entre ces gigantesques formations rocheuses… Et dès les premiers décamètres parcourus, je me félicite d’avoir loué une voiture haute sur pattes. En d’autres termes, la piste est défoncée ! Mais pourquoi les navajos laissent-il cette piste dans un tel état ?... En y réfléchissant un peu, la raison paraît évidente. Plus la piste est dans un état déplorable, plus les touristes font appel à leurs services pour les transbahuter dans leurs bétaillères… Quatre-vingt-dix dollars par personne pour se retrouver à une dizaine à l’arrière d’un pick-up aménagé, poussière et chaleur livrées dans le package, merci mais non merci ! Certains touristes refusent donc logiquement de payer cette fortune et s’engagent donc comme nous, avec leur véhicule… Sauf que pour la plupart, leur véhicule n’a rien d’un 4x4… On croise quelques crossovers plus faits pour être conduits par les actrices de Desperate Housewives qu’autre chose, mais également des voitures standard dont on entend le bas de caisse souffrir le martyr… Nous, en ce qui nous concerne, on prend notre pied, conscients d’être au beau milieu de la « Conquête de l’ouest », de « Retour vers le futur III » ou encore de « Windtalkers »… On s’attend en effet à chaque moment à voir surgir Rantanplan, Rintintin, Jolly Jumper ou encore Flipper le dauphin ! Et oui, tu ne le savais peut-être pas, mais Rintintin est venu tourner quelques scènes ici !
A chaque arrêt, c’est l’émerveillement. Totem Pole, Artist Point, Three Sisters, John Ford Point,… Et tout y est pour l’ambiance ! On trouve par exemple de jeunes Yakari en jogging basket écoutant du rap à donf dans leurs pickups tunés ! Ah non, ça en fait, ça fait plutôt tache…Bon, rien de grave, mais ça fait quand même bizarre de trouver des stands navajos à chaque arrêt, vendant des babioles made in China, où même l’American Express est acceptée… Ne t’inquiète pas, ma minute anthropologie et étude des comportements vient de s’achever…
Trois heures… Nous avons en effet passé trois heures à admirer et à photographier cette splendeur de la nature… Et je pèse mes mots… Allez, maintenant, à défaut de pouvoir la planter, nous posons notre tente au Goulding’s campground qui n’a comme seul intérêt que le fait d’être proche de Monument Valley et d’avoir une piscine... D’ailleurs, en parlant de piscine, pendant que Sandrine s’occupe de la lessive, j’irais bien m’y rafraîchir… Ben quoi, chacun son boulot !...
Après ça, quand y en a plus, y en a encore, retour à Monument Valley pour s’y sustenter tout en assistant au coucher du soleil… Sur place, tu ne pourras trouver qu’un seul restaurant et qu’un seul hôtel, tous les deux tenus par les navajos. A ce propos, je connais une bonne blague sur les chambres d'hôtel. Mais désolé, je ne connais pas la suite... Oui, je sais, c’est nul mais c’est juste pour détendre l’atmosphère. Car là, tout le monde prie pour qu’un nuage ne vienne pas gâcher la fiesta… Et nos prières sont rapidement exaucées… Car tout en dévorant nos hamburgers guacamole, chili et oignons grillés, nous matons un coucher de soleil flamboyant. Oui, je sais que tu te fiches bien de savoir ce qu’il y a entre mes deux tranches de pain, mais tu admettras que manger un hamburger devant Monument Valley, ce n'est quand même pas la même histoire que de manger un hamburger dans un McDo du Havre, n’est-ce pas ? Et vu qu’un hamburger indien vaut mieux que deux tu l’auras, ben on passe un fort agréable moment. Seul petit problème technique, je n’arrête pas de me planter la fourchette dans la joue ! Ben oui, avec une vue comme celle-là, j’ai plus souvent la tête tournée vers elle que sur mon assiette !!!...
Allez, en guise de point d’exclamation pour clôturer une magnifique phrase, je te propose de faire comme bibi (pas la chanteuse) et d’assister à la projection d’un bon vieux western sur la façade arrière de l’hôtel. Ce soir, nous avons droit à Stagecoach avec John Wayne… Voilà, ce film conclut parfaitement cette journée parfaite qui va se terminer tranquillement par le rendez-vous que j’ai fixé à Morphée… Ben ce serait le cas si dans le prix du camping, le sommeil était compris ! ! Car à peine couchés, la table et les bancs de notre emplacement sont squattés par une bande de margoulins sans gêne. Inutile de préciser qu’ils sont français, cela va de soi… De nature, je suis assez conciliant. Toutefois, j’aimerais quand même qu’on arrête d’imaginer que pour moi, ce terme s’écrit en deux mots vu que ciliant ne veut rien dire ! Cinq minutes, ça va, dix minutes, ça va… Mais au bout de quinze minute, bonjour les dégâts ! Je suis aussi énervé qu’un Gremlins lâché dans un « All you can eat » après minuit ! Eux, ils vont comprendre que quand Bruce Banner est énervé, il se transforme en Hulk ! Et que quand Hulk est énervé, c’est en Franck qu’il se transforme ! Allez, calmons-nous… Après deux ou trois noms d’oiseaux échangés, tout rentre dans l’ordre, le marchand de sable peut enfin passer… Bonne nuit les petits… Et à demain ! De toute façon, demain est une autre aventure…